jeudi 14 octobre 2010

Salut, Salaud!

J’ai commencé à le lire épisodiquement en janvier dernier, puis de manière beaucoup plus assidue ce printemps. Personnage détestable, mais touchant par la fragilité qu’on devinait sous sa carapace et ses airs de dur, Luc Pierre racontait candidement sur son blogue ses bassesses et ses coups de gueule.

Son avant-dernier billet n’était pas très rassurant : Je suis chez le psy, qu’il s’intitulait, et ça ne laissait rien présager de bon. Et il y a trois jours, la fin. Pas la mort, rassurez-vous, non, juste la fin. Parce que Luc Pierre ne pouvait pas mourir puisqu’il n’a jamais existé.

Il y a trois jours, on a appris que le Salaud était une «imposture narrative», une expérience littéraire de Pierre-Marc Drouin pour tester la cohérence du personnage de son prochain roman. L’éditeur doutait de la crédibilité de ce salaud romantique qui veut faire chier la terre entière pour se venger d’une peine d’amour, alors l’auteur a fait le pari de le mettre en scène dans un blogue, où il pourrait confronter son caractère aux réactions de vrais lecteurs.

J’y ai cru au Salaud, et j’y crois encore d’ailleurs. Qu’il soit fictif n’y change pas grand-chose, on s’en fout pas mal : j’ai relu La pêche à l’intello, et ce billet me fait toujours autant rire. Même chose pour le récit hilarant du déménagement avec Mania.

Alors, pourquoi en finir avec le Salaud, si le fait qu’il soit démasqué ne compte pas vraiment? C’est vrai que le charme est rompu, et si en plus le cœur ni est plus, je comprends que l’auteur arrête, même si je me sens «fru au boutte» de ne pas savoir la fin de l’histoire.

Mais, Luc Pierre, je tiens tout de même te dire au revoir. Parce que tu m’as bien fait rire avec ta hargne, moi dont les sautes d’humeur sont réglées au quart de tour sur mon cycle hormonal. Parce que nous, tes lecteurs, on le savait bien qu’il y avait du bon en toi.

Tu vois, je ne te retiens pas et je te laisse partir sans te faire une scène, et je te dis, Salut, Salaud, je t’aimais bien, tu sais.

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