mardi 21 décembre 2010

Le Noël de Mme Linda

Mme Linda, c’est la dame qui s’occupe de l’entretien de la boutique et de la maison. Sa petite annonce épinglée sur le babillard de la pharmacie était écrite en vert sur un carton orange, encadrée par des collants brillants en forme de chien. «Une femme de ménage qui colle des petits chiens brillants sur son annonce, ça m’inspire confiance», avais-je dit à l’époque à une copine en lui montrant le carton.

Et nous avons engagé Mme Linda. Elle vient une fois par semaine à la boutique, et une autre fois à la maison. Elle travaille bien, et elle est gentille : «Ça me rend fière quand je m’en vais de votre maison et que tout est propre», qu’elle m’a dit l’autre jour. «Y’a de quoi…», que j’ai pensé sans le dire, en répondant par un grand sourire.

Elle s’est aussi entichée du chien. Même si Bella se fait un plaisir de lui voler ses éponges et ses serpillères (on en a retrouvé une cachée dans la neige cette semaine), elle la trouve ben fine, et elle lui a même apporté des bébelles à ronger cette semaine. «Un cadeau de Noël pour mon chienchien préféré!», a-t-elle dit en riant pendant que le chien sautait partout autour d’elle. C’était une bonne idée : les toutous, les poupées et les Playmobils des enfants n’ont jamais connu autant de répit que depuis que Bella a ses nouvelles bébelles. Pas qu’on ne lui en avait jamais donné, mais il faut croire que celles de Mme Linda ont un petit quelque chose.

Pour en revenir à Mme Linda, d’ailleurs, elle était particulièrement joyeuse cette semaine, et chantonnait en travaillant : «Je suis grand-mère!, qu’elle a lancé à Yves.

Yves : Félicitations! Un garçon, une fille?

Mme Linda : Une belle grande fille… de quatre ans!

Yves : Quatre ans?

Mme Linda : J’avais perdu mon fils, depuis près de 30 ans que je le cherchais. On s’est retrouvé il y a 3 jours. Il est rendu à 33 ans, mon grand! Et il a une petite fille de quatre ans. J’ai une photo ici, de tous les deux : ils sont beaux hein?

Yves : Vous l’aviez perdu?

Mme Linda : Son père était parti avec lui, et je ne l’ai plus revu. Quand il était petit, il savait que la femme de son père n’était pas sa mère, mais il ne savait pas mon nom ni où j’étais.

Yves : Ça a dû être difficile…

Mme Linda : Oh, oui! Mais c’est fini : on s’est parlé au téléphone, et je m’en vais le voir en fin de semaine.»

Je n’étais pas là, c’est Yves qui m’a raconté.

«Et tu l’as laissée partir comme ça?», que j’ai demandé, la gorge serrée.

Oui, il laissée partir, bien sûr. Mais demain, je dois aller la voir pour lui laisser une carte de Noël, et je vais apporter aussi un album de collants, avec des chiens. «J’ai pensé que ça pourrait faire plaisir à votre petite fille», que je lui dirai.

8 commentaires:

  1. Oulà!!! Très touchant ce billet :-)

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  2. Touchant!
    Ça me fait réfléchir même, quelle femme!

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  3. Très touchant en effet, ce billet. Je ne peux imaginer, perdre son enfant pendant 30 ans...

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  4. Arghh... Mais c'est trop touchant ça. Mon coeur de maman a fait embuer mes yeux. 30 ans sans voir son enfant et elle y a survécu. Chapeau à vous Mme Linda.

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  5. honnnn....
    très beau texte... émouvant.. touchant! Quel beau Noël elle passera cette année Madame Linda!!!

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  6. Ouf!!! Quelle histoire, c'est vraiment touchant comme histoire...

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  7. J'ai la gorge nouée! 30 ans sans voir son fils!! Ouf que c'est long!! Noël 2010 sera gravé à tout jamais dans le coeur de cette gentille dame!!

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  8. J'ai un demi frère quelque part dans ce monde que ma maman a donné en adoption en espérant qu'il aurait une meilleure vie que ce qu'elle pouvait lui offrir.

    C'est touchant ce genre d'histoire pour moi, à chaque fois, je me dis que c'est ma maman et mon demi frère

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