jeudi 7 janvier 2010

Harry Potter à la rescousse

Jusqu'à cet été, à peu près, il n'était pas envisageable de traîner l'Ingénieur (7 ans) au cinéma. En tout cas, pas pour lui faire plaisir : «les histoires inventées, c'est tellement plates!», qu'il nous lançait lorsqu'on lui proposait un film.

Lui, ce qui le branche, depuis tout petit, ce sont les documentaires. À quatre ans, son émission préférée, c'était Découverte, et, aujourd'hui, il n'est pas question, même s'il a vu chacun des épisodes plusieurs fois, qu'il manque Zoboomafou.

C'est charmant, un enfant curieux et intéressé par les sciences, et il m'a d'ailleurs souvent fait rire en surprenant des adultes de notre entourage par des commentaires spontanés comme : «Regardez là, l'écureuil, il ressemble à un polatouche!» ou «Je ne me souviens plus très bien comment les plaques tectoniques font pour flotter sur de la lave en fusion...». Mais d'un autre côté, cette fascination pour les faits scientifiques accolée à une obstination à ne pas s'intéresser aux «histoires inventées» me laissait percevoir un enfant assez insécure. Les faits, le solide, tout ce qu'on peut expliquer, c'est rassurant par rapport à des angoisses qu'on ne veut tellement pas explorer qu'on en suprime toute les sources possibles, y compris les «histoires inventées»... (Bien entendu, cette analyse est de mon cru, et n'est surtout pas partagée par mon chum, qui, d'ailleurs, préfère lui aussi les documentaires aux fictions...)

Mais, quoique vale ma théorie, j'étais bien soulagée lorsque Harry Potter est entré dans nos vies cet été. Ce n'est pas venu de moi, parce que mes propositions suscitent génélement de la méfiance, mais de ses amis d'école (qui a dit que les amis avaient nécessairement mauvaise influence?). J'écoutais les films avec lui, j'essayais de répondre aux questions de mon mieux (Maman, un «experiamous», ça protège contre quoi, donc?), tout en gardant profil bas, parce que je connais mon fils, et que je sais qu'il suffit d'un peu de pression pour qu'il se braque.

De fil en aiguille, il s'est intéressé à d'autres histoires, et maintenant il écoute à peu près les mêmes films et émissions que les autres enfants de son âge. Peut-être est-ce une illusion, mais la maman en moi a aussi l'impression que ses angoisses et son insécurité sont beaucoup moins marquées qu'avant.

Quand pour Noël il a reçu le tome 1 de Harry Potter en cadeau, j'étais toute fière de me reconnaître à son âge quand il s'est mis à lire avec avidité, allant même jusqu'à rechigner au moment de se présenter aux repas ou à nous supplier de le laisser se coucher plus tard pour qu'il puisse finir un chapitre.

Pour les repas, il n'y a pas de négociation possibles, mais pour le coucher, je commence par dire non, jusqu'à ce qu'il insiste. Puis je fais mine de plier en ajoutant que c'est absolument exceptionnel comme permission. Et il peut alors continuer à lire avec le sentiment d'être privilégié entre tous. Pour un enfant qui n'amait pas particulièrement lire, je trouve qu'on a fait un grand bout de chemin; merci Harry!

3 commentaires:

  1. Et bien, tu as un petit bonhomme tout à fait intéressant, curieux, scientifique, il veut tout savoir, tout connaître, c'est merveilleux! Il fera son bout de chemin dans la vie, sans problème!

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  2. Hé, hé. Dire non à la lecture pour que ça semble encore plus tentant et exceptionnel!
    Tu es vraiment forte !
    Chapeau!
    Anik

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  3. @ Anik, je conviens que c'est un peu machiavélique... ; )

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